« Le royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Luc 17, 21)
« Si tu savais le don de Dieu » (Jean 4, 10)
« Celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11,26)
Nous vous proposons la suite de la lettre N°15 :
Quelques extraits d’une rencontre de Frédo Bourdier avec un ami.
J’aime beaucoup parler de ces choses là avec des pères et mères de famille, parce que rien ne nous permet de comprendre les relations que nous pouvons avoir avec Dieu et qui est Dieu à notre égard, comme la paternité et la maternité humaines. En échange, ces affections dans le Royaume intérieur, cette chambre nuptiale, cette chambre de tendresse avec Lui , ça change complètement la nature de nos liens humains. Tout va changer de nature, donc de qualité, et va se passer à ce stade nouveau qui s’appelle la Communion des êtres, où chacun est respecté en lui-même, non seulement respecté mais engendré dans ses différences particulières et essentielles.
Et rien ne permet l’union, l’unité « Soyez Un comme le Père et moi » comme à ce plan là.
Plan de respect, d’engendrement réciproque les uns des autres en Dieu, dans notre beauté de chacun, dans notre vérité.
L’ensemble des chrétiens devrait être pour moi comme une gerbe de fleurs où chacune s’épanouit dans sa beauté et de laquelle émane un parfum différent, chacun des signes merveilleux et uniques dans l’histoire de cette présence transfigurante, transformante de Dieu au dedans de nous.
Voilà notre vocation, fils de Dieu, et de tout cela Jésus est le chemin, par approche intérieure, par ressemblance intérieure, par compréhension de Jésus. De même entre hommes, nous nous comprenons par la communion, c’est-à-dire que notre mode de connaissance entre les personnes n’est pas du tout un mode de connaissance avec la tête ( plus deux êtres s’aiment, plus ils sont fondus dans l’unité et plus ils connaissent) mais par la connaissance de l’Amour, qui est une connaissance tacite, sans mode d’explicitation. Avec Dieu, c’est exactement la même chose.
Finalement on découvre au fur et à mesure l’Amour comme Union, on ne sait plus discerner ce qui est mouvement vers Dieu et ce qui est mouvement vers l’homme. Les deux sont les volets d’une même réalité.
A ce plan ce sont des choses extraordinaires que nous sommes appelés à vivre.
Rien ne transforme, n’anime, ne réalise, ne dilate une vie dans tous les domaines de ce que l’on est, de ce que l’on fait, de ce que l’on aime, comme cet amour transfigurant de Dieu, parce que le verbe Aimer prend alors des dimensions ………………plus on aime, plus on veut aimer…………plus on est aimé, plus on a besoin d’être aimé.
Le verbe « aimer » enfin trouve au-dedans de nous une telle dimension et ça, pas au détriment de nos affections, mais comme un feu intérieur qui va décupler, centupler toute chose. Ce Dieu là vaut le coup !
Le Dieu de Jésus est Celui qui nous envahit, qui est en nous………….et nous qui ne sommes pas attentifs à sa Présence !
Ce qui est difficile c’est de trouver ce climat intérieur, de vie spirituelle, sans tomber dans le défaut de l’intellectuel…
Alors, voyez, de cela, il ne faut pas vous étonner !
C’est normal : vous venez de vivre depuis votre plus jeune âge, dans un monde qui est essentiellement intellectualisant ( je ne suis pas du tout contre les intellectuels..) mais on a pris l’habitude depuis toujours d’étudier, de toujours se rencontrer au plan de cela. Toute notre formation nous a transformés au plan de cela et au plan sentimental. Or il n’y a qu’une façon de réharmoniser la totalité de l’homme : c’est le plan spirituel, qui va faire l’unité, qui va épanouir notre intelligence.
Alors nous atteignons ce plan intérieur, cette autre part de nous même qui s’appelle la part intérieure, la part du Royaume, qui va, pour ainsi dire, hiérarchiser, mettre chaque chose à sa place.
Mais dès que nous atteignons ce plan intérieur- après 20, 30 ans d’une vie qui s’est toujours située à ce plan intellectuel, alors on a du mal à nous tenir à ce plan profond. C’est un renversement de tout notre système nerveux, de toute notre façon de voir, de comprendre et d’aimer. Par conséquent, c’est un long apprentissage. C’est ce chemin là que les grands spirituels ont essayé de jalonner à la suite de Jésus. C’est cela que Jésus nous a jalonné, nous a tracé. Mais il faut que chacun le refasse pour son propre compte, à leur suite.
C’est pour cela que nous avons besoin de maître, voilà le rôle de la paternité spirituelle, ..nous permettre de toucher en nous cette part essentielle.
Mais vous autres, qui avez l’expérience et de l’amour humain, et de la paternité et la maternité, ces zones là où vous êtes vous-mêmes, vous permettent d’approcher de tout près de ces zones d’intériorité divine.
Et pour cela l’amour humain est pour moi capital dans la vie, un amour humain authentique……et jusqu’à mon dernier souffle je défendrai cette part de l’homme, parce que pour la plupart des humains, c’est le seul chemin qui va permettre d’accéder à cette part intérieure, à cette part du tout épanouir.
Quand le verbe aimer est poussé jusqu’au bout dans le domaine de l’amour humain, de la paternité et de la maternité, il frôle de très près, il nous conduit presque directement, si nous sommes suffisamment fidèles à ces appels………………….celui qui aime connaît Dieu………….
Alors, vous, ce qu’il faudrait faire, c’est pendant un bon bout de temps vous taire, rentrer chacun dans votre intérieur, garder ces choses, les savourer, les laisser pousser au dedans de vous, dans votre propre silence. Alors, attendre suffisamment de temps, car elles remonteront, et tels qu’en vous mêmes, chacun, et chacun trouvera son propre langage pour les dire le jour où ce sera nécessaire. Et tout cela ne peut se labourer, se fortifier, se grandir en vous, que dans votre silence intérieur. N’en parlez pas entre vous, car vous n’êtes pas encore mûrs pour en parler, c’est trop neuf pour vous. Il faut vous taire pour vivre et le garder comme un trésor. Mieux vaut les garder dans le recueillement , dans son silence, dans votre intériorité et cela fera son chemin, n’ayez pas de crainte ! Cette chose là, elle est tellement merveilleuse qu’on voudrait la partager avec tous et spécialement avec ceux qui vous sont les plus chers, mais très vite vous vous en apercevrez par vous- mêmes, et vous allez en faire votre propre expérience à votre compte, on tombe sur un tas de murs. Parce qu’il est impossible de communiquer entre celui qui ne vit pas au-dedans, et celui qui vit à ce plan, cela ne passe pas. Le langage n’est pas le même, et si l’on emploie des mots, les mêmes mots n’ont pas la même signification. L’un est un langage de vie, l’autre un langage stratifié par l’intelligence, langage rationnaliste………….là où il faut l’intuition créatrice qui va jaillir progressivement de vous, devenant l’expression de votre expérience. Pour cela, gardez-vous au-dedans. Et quand vous rencontrez quelqu’un qui est mûr, qui en a faim et soif, cela jaillira de vous et vous trouverez à ce moment là les termes adéquats, qui seront en fonction de celui qui vous écoute et qui l’arrache. Nous n’aurions pas eu l’Evangile si Jésus n’avait pas eu en face de Lui des gens qui Lui arrachaient , des gens qui avaient besoin de ce que Jésus disait.
Le langage spirituel est quelque chose à la fois qui est de tout son auteur , tout inspiré, et tout aussi de celui qui est en face. C’est pour cela qu’il y a un va et vient dans l’échange de la communion et qu’on est le premier , nous, à bénéficier de ce qu’on a dit.
Quand je relis « Chemin de Vie », eh bien, il y a des passages où je me dis : est-ce bien moi qui ai écrit cela ? On a bien des fois l’impression d’être à la fois la parole ou le porte plume de l’autre. On tient le porte plume et c’est comme si les choses qui jaillissent n’étaient pas de nous. Et c’est vrai : c’est à la fois tout de nous et tout de Lui. Et tout en fonction de notre temps…………c’est cela le langage de l’Evangile. On n’a pas besoin de le chercher : moins on le cherche, plus il est vrai. Et pour cela, je crois qu’il faut le garder en soi, dans le silence, comme un trésor, se tenir bien proche et dans le foyer, se tenir le plus proche possible l’un de l’autre, dans le silence. Comme ça, cela fera son chemin. « La semence, qu’il pleuve, qu’il y ait du soleil, elle pousse sans savoir comment. »
Les obstacles de nos défauts ? Heureusement que nous en avons !
Laissez pousser le bon grain et l’ivraie………dit Jésus. Moi, je ne m’attache pas du tout au plan négatif des gens, parce que plus on est capté au-dedans par des recherches positives, qui nous dilatent dans tous les domaines, qui nous rendent bienheureux, et plus on chasse le contraire des Béatitudes, qui sont nos défauts. C’est le positif qui prend la place et c’est lui qui fait le travail au-dedans. Il faut que nous fixions notre attention sur lui.
Après, tout nous est donné, y compris notre chemin vers la perfection, vers la guérison. Jésus a dit : Je suis le médecin et le médecin n’est pas venu pour les bien portants. On est soi-même émerveillé de ces choses, parce qu’on est un lieu de grâce absolument extraordinaire et pas en fonction de nos mérites. Personne ne mérite ces choses, mais c’est parce que nous avons faim et soif……….c’est une vie, une renaissance, un renouveau total. Et plus on progresse sur ce chemin, plus on reçoit. Et puis on donne, on donne, et cela fait boule de neige………..Ce sont des choses qu’on a cherchées pendant des années, je dirais, dans l’angoisse…………….
Mais ce sont des choses qu’il faut laisser pousser et les chercher dans la paix.
Les grands signes de Dieu, c’est Sa Paix et Sa Joie. Et plus nous avancerons dans Sa Paix et Sa Joie, et plus nous saurons capter ces choses de Dieu. Et plus, par le fait même, nous devenons rayonnants.
Notre action est un fruit. Notre faire et notre parole jaillissent de nous au plan de la fidélité profondeau meilleur. A ce plan là , c’est la volonté du Père et pour cela Jésus nous a dit ; cette nourriture, c’est la volonté du Père et c’est simultanément la nourriture de notre être. On n’obéit plus à une loi, on suit les appels les plus profonds de notre être et de nos frères, par conséquent c’est la grande nourriture de notre être. C’est stupéfiant que si peu trouvent ces choses, si merveilleuses, et tout homme est fait pour cela. (…….)
Plus vous allez avancer dans votre chemin, plus vous serez à même de contempler dans votre passé des jalons que Dieu a semés au cours de votre vie. Et vous serez à même de les comprendre cette fois et d’en comprendre toutes les significations. Là, Dieu vous a appelés ! (…) Ces moments privilégiés du passé, gardez-les en vous comme un trésor, pour que vous les retrouviez et les recherchiez sans cesse. Ils s’estomperont par moments parce que la vie spirituelle est faite comme tout ce qui est humain, comme tout amour humain.
Je dis toujours aux jeunes que je marie : une des grandes pierres d’achoppement de tout amour humain, c’est qu’il passe par des temps obscurs, où on a l’impression de ne plus s’aimer. Ce n’est qu’une impression, c’est le temps de la fidélité qui prépare continuellement un visage nouveau de l’amour et qui recrée l’amour humain chaque jour.
Ce sont des temps difficiles, les temps de la fidélité. Et dans la vie spirituelle, c’est exactement pareil ……….. tout ce qui est profondément humain, passe par ces moments là.
Vous autres, n’ayez crainte si, apparemment, il y a des temps d’éclipse, ce que les spirituels appelaient « des nuits », ce sont des temps qui nous intériorisent davantage, des temps qui nous empêchent de nous installer dans un état, et qui nous permettent de recréer continuellement des choses merveilleuses qui vont en s’amplifiant, et vers la continuité. Ceci est un long apprentissage. C’est une rénovation totale, une transformation totale de notre être total, c’est la conversion. (…)
La vie spirituelle repose sur l’intime expérience, nos richesses d’affection, de joie, de souffrance………..et non plus sur un savoir.
Je crois qu’il faut avoir été aimé beaucoup….
Je pense que oui. Plus on a été aimé, plus on est capable d’aimer. Jean nous a dit : Celui qui aime connaît Dieu.
Donc celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu (? )
Pour donner, il faut être capable d’accueillir, et pour accueillir, il faut être capable de donner. Aimer et être aimé est finalement la même chose, et en « aimer », il y a une grande capacité d’accueil où l’autre peut nous aimer. Vis à vis de Dieu, c’est exactement la même chose…………