REFLEXIONS ET PENSEES SPIRITUELLES
« LA VIE DE L’ESPRIT » (suite)
Frédo a mis par écrit de nombreuses réflexions et pensées spirituelles que nous avons retrouvées dans des carnets datés des années 1963 à 1968 et qu’il a reprises par la suite. Dans la présente lettre et la suivante nous avons la joie de les proposer à votre méditation.
Au début de son premier carnet, Frédo écrit : « Je demande que ces notes qui sont l’expression de mon être, le fruit de ma recherche humano-divine soient respectées dans leur intégrité et intégralité. Puissent-elles aider l’homme à se trouver et à s’accomplir dans Celui-là seul qui est à même de le faire parce qu’il est le chemin, la lumière, la vérité et la vie ». Et il ajoute en post-scriptum : « Ne pas s’arrêter sur une expression qui choque. Quelques mètres plus loin, une autre l’équilibre. C’est un tout. Sans oublier qu’il y a ce qui est dit et tout ce qui est sous-entendu ».
La Rédaction
« La porte est étroite » mais seule elle débouche sur celui qui est la voie, la vérité, la lumière et la vie pour chaque homme.
Le grand vent de la vie spirituelle doit sortir des couvents pour souffler sur tout homme « venant en ce monde ». Notre cloître sera le monde et notre règle la vie.
La vie de l’esprit nous fait retrouver la spontanéité de l’enfance.
Pour posséder tout il faut ne désirer rien.
Dans le domaine de la vie de l’esprit on est compagnons et frères.
La lumière, comme la vérité, la vie et l’amour nous sont donnés.
En nous toujours plus de reçu que de débit, pourtant plus on débite et plus on reçoit.
Un changement du regard accompagne et manifeste toujours une étape de conversion. « Si ton regard est simple »……
Silence et présence - rien et baratin.
Le présent est la mesure du temps du croyant ; c’est le réel de Dieu. Il est déjà de la vie éternelle.
La souffrance est la compagne bienfaitrice de l’homme. Il ne faut pas la désirer pour soi et la combattre autour de soi. Elle nous dépouille de nos masques, elle nous permet de comprendre la souffrance des autres.
Pas de vie spirituelle vraie sans un enracinement concret chez les hommes. Le spirituel sort du concret et nous y ramène.
Toute spiritualité qui ne nous humanise pas, c’est à dire qui ne nous fait pas plus homme, est fausse.
Plus l’humanité avancera dans l’ordre de l’esprit, plus les vrais miracles seront de cet ordre. Les vrais miracles sont intérieurs. « Le Seigneur fit en moi des merveilles »….
Que de paysages fermés à ceux qui ne savent point voir !
La mort ne nous enlève pas les saints mais nous les révèle tels qu’ils sont en Dieu.
La vie spirituelle est toujours une recherche : pas de station assise ni couchée.
Dans la vie spirituelle s’amenuise la distinction sacerdoce-laïcat . Les sommets rapprochent et atténuent les différences factices ou de l’ordre du temps et du lieu.
La vie de l’esprit nous établit dans l’universel.
C’est dans la vie spirituelle que l’homme atteint à la source créatrice.
La vie spirituelle est d’un autre ordre, bien qu’elle veuille être essentiellement pour le bien de l’homme, elle est pur don d’une part et pur accueil de l’autre.
Celui qui a goûté aux joies spirituelles trouve les autres bien fades ou plutôt celle-là oriente celles-ci et « fait feu de tout bois » : « celui qui aura goûté de l’eau que je donnerai…. »
La vie nouvelle en chacun jaillit de l’unique source : « Je suis la vie »
La vie spirituelle n’est pas du travail à la chaîne, mais de personne.
Peu importe le point de départ pourvu qu’en route on trouve la piste de la vie : « Les ouvriers de la dernière heure »
La joie, comme la vie, personne ne peut nous la ravir : les martyrs.
La vie de l’être rend l’homme présent à lui même, à Dieu, à l’autre, à l’univers.
Quand tout est mis à son service tout est illuminé et réchauffé.
Quand on a goûté à sa vie, il polarise tout l’homme.
Pas de vie spirituelle sans patience et confiance.
L’ascèse a pour règle la fidélité au réel , c’est ça l’obéissance, la fidélité.
Celui qui n’a pas débouché dans sa vie spirituelle est encore un homme non développé.
Dès que l‘homme a mis le pied dans la « porte étroite » ( « je suis la porte ») il débouche dans sa propre renaissance.
Les vivants de l’esprit se comprennent par longueur d’ondes intérieures, par communion, par ressemblance, par identité d’expérience, par intuition, c’est le vrai partage , la fraternité effective, la communauté authentique.
La vie de l’être transfigure tout et ordonne toutes choses :«occupez-vous d’abord du royaume et tout le reste vous sera donné par surcroît. »
Pour celui qui vit de l’esprit, il n’est plus de loi. Tout est appels et réponses intérieures. On est dans l’ordre de l’amour.
L’appauvrissement, la simplification progressive sont les signes de la croissance spirituelle.
Les cheminements intérieurs, contrairement à ceux de l’action ou de la loi, ne se mesurent pas. C’est un mystère.
Beaucoup de nuits, un peu de clarté.
La nuit est l’épreuve de la fidélité.
L’apostolat est de l’ordre de l’action, le témoignage de l’ordre de l’esprit.
Le témoignage nourrit le témoin et celui qui le reçoit. La discussion, même sur des thèmes religieux, vide les deux.
Toute naissance se fait dans la souffrance. Il en va de même pour la « renaissance ».
La vie est après la « mort ». Avant d’être il faut tout perdre : « si le grain ne meurt »….
Dans les ultimes cheminements, la solitude est de rigueur.
Tous les saints ont forcément été des mystiques.
Quand un homme découvre la valeur de la simplicité, il est bien proche de Dieu.
Dans la vie avec Dieu, s’il est des pistes universelles, elles doivent toujours revêtir un sceau personnel.
L’universel passe toujours par le personnel.
La manière de vivre avec Dieu doit être réinventée par chaque homme. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille faire fi de cette tradition dans l’Eglise, mais au contraire s’en nourrir.
Chercher, trouver pour repartir vers d’autres recherches et de nouvelles découvertes. En Dieu le champ d’investigation est infini. Chaque tournant révèle un paysage nouveau.
« Les merveilles de Dieu » ne se comprennent que par l’expérience. Pour les autres, c’est lettre morte. « Qui a des oreilles pour entendre »…..d’où dialogues de sourds…
Nous sommes souvent riches de ce qui nous manque, parce qu’alors nous l’implorons et le recevons d’un Autre. « C’est quand je suis faible que je suis fort ».
Nos défauts, nos limites, nos échecs sont de grands creux, des vides, des failles qui aspirent vers leur libération. « Dieu comble de biens les affamés ».
« Heureux ceux qui ont faim de perfection », c’est qu’ils ne l’ont pas.
La patience, enracinée dans la confiance, est mère de cheminement.
Tout perdre pour tout retrouver. C’est le rien de la montée du Carmel.
Les lambeaux laissés en chemin ne méritent pas un regret.
Le présent, ce temps de Dieu, est la mesure de l’éternité.
« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » . Comme c’est vrai en vie spirituelle !
« Je suis la voie, la vérité et la vie », ces trois aspects sont indissociables l’un de l’autre dans notre recherche de Lui.
Dans la vie spirituelle il n’est point d’acquis définitif. A tout instant, on peut tout perdre.
C’est dans le cœur du mystique que bat le pouls du monde.
Garder tout en soi même comme la Vierge Marie.
L’Eucharistie est la nourriture par excellence de la vie nouvelle.